Offrande païenne depuis Niederbronn-les-Bains

Offrande païenne depuis Niederbronn-les-Bains

Jeudi 14 aout 2025 (jour de canicule haha) nous avons avec notre amie Franzeska suivi un itinéraire de Vosges qui peut. Petit récit de notre voyage forestier à la découverte d'un château en ruine, de pierres à cupules et d'une petite tour érigée par des anciens du Club Vosgien. 


Niederbronn-les-Bains se situe au nord de Strasbourg. Sa toute petite gare lovée dans un nid de verdure bosselée donne un accès quasi direct au départ de la randonnée - compter environ 15 minutes de marche en mode pépouze et 9,7 en mode "je veux prendre le train de 13h35 et pas celui qui part deux heures plus tard". La chaleur est déjà présente mais supportable.

Vers Wasenbourg

La montée vers le château de Wasenbourg nous donne l'occasion, outre de commencer par la surprise de découvrir un petit écureuil roux, de lire de nombreux panneaux explicatifs sur des sujets comme des arbres ou des fleurs à reconnaitre ou d'ancienne structures, telles une charbonnière (pour faire du charbon de bois) dont il ne reste plus qu'un tas de boue. Après avoir longé une départementale fort bruyante, nous retrouvons vite le calme de nuées de moucherons et moustiques qui nous bzzent à l'oreille et devant les yeux. Julie manque de perdre ses lunettes de soleil après une agitation inattentive de sa casquette dans le vain espoir de les chasser mais heureusement, Franzeska, toujours à l'affût de scarabées à sauver, les repère.

Deux randonneuses, l'une équipée de bâtons de marche, en montée dans la forêtde courageuses randonneuses

La futaie et le sentier se resserrent après la traversée d'un chemin forestier où une minuscule table carrée et un mini banc attendent l'écrivain-e en quête d'inspiration. Puis nous arrivons à un vaste espace dégagé où trône le bien haut château de la Wasenbourg, ou du moins, ses ruines imposantes.

Un château en ruines percé de fenêtres gothiques. Les pierres sont roses et le mur encore très haut
le château de la Wasenbourg avec une Dame Blanche Bleue à la fenêtre

Voici le texte du panneau explicatif dans la cahute en bois où nous trouvons refuge du soleil pour grignoter un petit encas :

Le château gothique de la Wasenbourg est daté de la deuxième moitié du XIIIe siècle. Possédé par l'éminente famille des Lichtenberg, il est caractérisé par un puissant mur bouclier de 19m de haut et de 4m d'épaisseur, le plus imposant d'Alsace.

Tour à tour nous grimpons les marches pour explorer plus avant les ruines, faire coucou aux fenêtres, admirer le paysage en contre-jour, se demander comment l'échelle a pu être mise là où elle se trouve. Une plaque au-dessus de la porte indique que Goethe a décrit la vue depuis le château en 1770 (enfin, ses ruines puisqu'il était déjà détruit lors de son passage, les troupes de Louis XIV s'en était assuré un siècle plus tôt).

A côté du château on trouve aussi la reconstitution étrange, datant de 1913, d'un ancien temple dédié à Mercure. Des fouilles archéologiques ont effectivement révélé sa présence sur le site ; c'est la place des fenêtres qui nous interroge car l'ensemble est adossé au rocher du Wachtfelsen, donc avec 0 vue. Ce rocher était utilisé comme un poste d'observation par les romains.

Pan de mur en grosses pierres avec fenêtres contre un haut rocher qui forme une tour
Mercure éclaire-nous stp

Vers Wasenkoepfel

C'est la partie la plus exotique du trajet. Pas seulement parce que nous avons eu partiellement les pieds dans le sable rosé (on trouve principalement du grès rose dans les Vosges, ce qui agrémente délicieusement paysage & châteaux). Nous avons en effet décidé de suivre l'itinéraire païen où, après une volée de marches, se découvrent successivement :

le Jardin des Fées

Nous n'avons pas de photo car pas de point de vue qui pourrait englober l'ensemble de la construction. Imaginez-vous un espace relativement plat peuplé de quelques arbres où un contour arrondi est partiellement dessiné par un muret de pierres assez rondes et bien moussues. Les explications sur le panneau étant très confuses, on ne parvient à comprendre ce qui relève de la légende et ce qui révèle d'hypothèses historiques.

un petit canal 

Quasiment juste à la sortie, en montant un peu, le chemin passe par un surprenant bout de canal sculpté dans la pierre. Il contourne un arbre dans un arc parfait. A quoi servait-il ? Là non plus ce n'est pas clair mais on admire l'élégance de la construction.


coule, petite eau

des pierres à cupules

On poursuit notre chemin direction des pierres à cupules. C'est quelque chose qu'on avait déjà vu dans notre rando de Gertwiller à Barr. Depuis 2023, pas d'avancée majeure pour décider si ces trous dans la roche ont été creusés par des humain-es ou si ce sont des cavités naturelles ou si ce sont des dépressions naturelles dont on a un peu forcé le destin. En tout cas, on y pratiquait sans doute divers rites plus ou moins douteux.

Extérieur forêt mixte ombre lumière ; au sol pierre large et relativement plate où se loge un creux
bidet sacrificiel ou trou formé par une larme divine ?

la place des Sorcières (Hexenplätzel)

Point de panneau mais un espace qui nous a interpellé lors de notre passage même si on ne s'y est pas arrêtées. Par contre, on s'est avancées dans une petite clairière à bruyère.

au premier plan : un peu de bruyère ; au milieu : des herbes sèches et jaune ; en arrière-plan : une ceinture d'arbres
une photo de Franzeska, donc nette contrairement aux miennes

haie de fougères

Sur la suite du trajet nous sommes de temps à autre entourées de fougères, resplendissantes dans le soleil. Le mélange moucheté, toujours changeant, d'ombre et lumière, de mousses, de jeunes et vieilles pousses, de petits bruits dans les feuilles où on imagine une musaraigne détaler, d'arbres arrachés, d'arbres découpés, de rochers à terriers reste une source perpétuelle d'émerveillement. 

Un chemin sableux s'enfonçant entre des pins et des fougères
gloire aux fougères

la tour de Wasenkoepfel

Après le croisement de la Kreuztannen nous attaquons une pomme et la montée vers la tour de Wasenkoepfel. Le sentier se rétrécit et on apprécie, pour celles qui en sont dotées, l'aide procurée par les bâtons de marche car la pente est parfois assez rude. La chaleur combinée à l'ascension nous font copieusement transpirer et nous nous concentrons sur notre respiration. Enfin, la récompense : la tour de 10m construite par le Club Vosgien en 1887 au sommet ! A l'époque elle permettait d'admirer le paysage car au-dessus des arbres, mais aujourd'hui... On voit les arbres d'un peu plus haut quoi, pas ouf mais sympa quand même.

Petite tour crénelée en grès rose entourée d'arbres
en tout cas, sympas les anciens d'avoir marqué le point

Retour via Oberbronn

Après avoir fait un sort à une des gourdes, on reprend le chemin. La descente se fera en version accélérée, d'abord parce que ça descend mais aussi parce qu'après consultation de l'heure et de notre avancement, on se rend compte qu'on sera un peu justes pour le train de 13h35 et que le suivant est deux heures plus tard. Bon, on pourrait en profiter pour se poser quelque part à Niederbronn mais rien ne garantit que des restos seront encore ouverts à 14h ni  qu'ils soient au frais. Ce n'est pas précisément la fréquentation des grands jours, nous avons croisé quelques personnes, rarement très longtemps sur le même itinéraire et on est la veille du 15 aout.

Village en contre-bas, niché au milieu d'arbres. Au loin, la plaine d'Alsace
aperçu du village depuis le belvédère

Dégringolade donc ; passage macadamé dans le village d'Oberbronn harassant de chaleur, à tel point que nous ne prenons aucune photo des jolis maisons que nous croisons, puis retour dans la forêt accueilli avec bonheur même s'il faut re-monter, petit belvédère au milieu d'une volée d'escalier où l'on se dit que c'est jouable, retour à la petit table carrée et pouf, on s'assoit dans le train quelques minutes avant son départ. Ouf ! On apprécie la clim et de pouvoir manger un peu. L'histoire ne dit pas si l'on s'est endormies après ce petit périple d'environ 11 km pour 450 m de dénivelé ! Mais en tout cas, on conclut qu'il nous a bien plu.

Selfie avec Marie, Julie et Franzeska souriantes devant les ruines du château de la Wasenbourg
validé par Goethe ET par nous