Rando à travers le Mordor

Rando à travers le Mordor

Lever à 4h15 pour prendre le petit déjeuner et nous préparer, sans oublier la crème solaire, au moins sur le visage. Nous sommes dehors avant le lever du soleil, à écouter les oiseaux pépier en attendant sur le bord de l'autoroute notre navette qui arrive à l'heure prévue, 5h30.

Le chauffeur fait la conversation mais son accent et les bruits de la route nous empêchent de comprendre quoi que ce soit. Tout ce à quoi nous pensons c'est à quel point le paysage qui se dessine au petit jour est brumeux ! Pas un temps idéal pour la traversée du Tongariro...

Voici le programme qui nous attend ! A découvrir aussi dans la vidéo officielle

Nous arrivons au parking de Mangatepōpō à 6h et quelques. À l'abri du préau à l'entrée du chemin notre chauffeur nous adresse sa bénédiction en maori car nous traversons un territoire sacré. Le site est d'ailleurs inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO en tant que parc naturel mais aussi paysage culturel. Avant de nous élancer nous équipons nos sacs à dos de housse anti-pluie car la brume persiste et une Ranger nous prévient qu'il peut y avoir de la faible visibilité. Nous utiliserons si besoin nos téléphones en tant que lampes de poche. Il est 6h30 et c'est parti ! 

The way is (almost) shut, and the mist keeps it

La route commence par un environnement digne des Highlands, plus au moins dégagé. Nous passons par des passerelles de bois et autour de nous un décor gigantesque se dresse. Des restes de laves roulées dans des temps anciens forment des monticules de par et d'autre de la route.

Which way is Mordor?

Une première salve d'escaliers nous offre des belles vues mais au prix d'une transpiration abondante ; nous décidons d'enlever nos doudounes. Divers panneaux nous demandent si on se sent assez en forme pour continuer et si le temps est compatible avec la traversée. Peut-être pas un oui massif mais on est là pour la faire, cette rando mythique ! Alors on continue.

There is no real going black 

Nous empruntons les escaliers de Cirith Ungol dans un décor de rocaille noire et nous arrêtons de nombreuses fois pour documenter notre parcours de différentes photos. 

Vue depuis les escaliers

Après cette montée éprouvante nous atteignons un plateau étendu, une plaine sableuse, qui est en fait le South Crater.

Rencontre avec un randonneur bien mal équipé

De là nous avons tout le loisir (800m) d'observer notre prochaine ascension : celle du Red Crater. 

Nous la trouvons effectivement ardue et longue (1km, 210m de dénivelé) et nous sommes bien contentes d'avoir les bâtons pour nous aider. Le sol est de rocaille rouge jusqu'au sommet où des volutes de brumes s'accrochent selon les humeurs du vent. 

Début de l'ascension

Aux trois-quarts du chemin, nous choisissons un lieu fait de grandes roches vaguement plates et grises pour manger un sandwich (le fameux sandwich de 9h15), petite pause avant d'aller admirer effectivement le Red Crater.

Il fait nettement plus froid là-haut et nous mettons nos gants. Nous devons attendre quelques minutes que la brume se dissipe pour apprécier l'envergure. Un panneau nous prévient qu'il peut entrer en éruption à n'importe quel moment, sans avertissement. Mieux vaut ne pas s'attarder. De là, nous sommes censées avoir une superbe vue sur les lacs d'émeraude et le lac bleu. Bon, on aperçoit vite fait le lac bleu derrière la brume 😅

Si, si, là au fond à gauche !

La partie dangereuse commence, surtout pour le genou de Julie. Une descente très raide faite de sable volcanique et de petits graviers qui roulent sous les chaussures. Nous sommes témoins de plusieurs chutes et descendons prudemment, là encore en remerciant la présence des bâtons de marche.

Allez, on attaque par le talon !

A l'arrivée aux lacs d'émeraude, le temps est avec nous et la brume se dissipe suffisamment pour que l'on puisse admirer la couleur extraordinaire de l'eau. 

Avec la brume (et deux touristes)...

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... Et sans la brume (ni touristes) !

Nous poursuivons notre route à travers un paysage de lande ocre et désertique. Un poil sinistre.

Courage, plus que 10 km !

Enfin nous arrivons au Blue Lake qui se laisse volontiers prendre en photo, d'autant qu'une nouvelle montée nous attend un fois son rivage longé et qu'on a pas hâte d'y aller.

Nous apprécions une nouvelle fois les couleurs incroyables de l'endroit puis lui disons au-revoir pour nous engager dans le contournement du North Crater dans un paysage de bruyère / maquis. Nous descendons lentement mais sûrement, toujours avec des vues superbes sur le paysage alentour.

Nous traversons quelques nuages ou zones de bruines. Plus on descend plus la végétation prend de la hauteur. Nous traversons quelques petits cours d'eau et remontons parfois quelques marches.

La respiration, c'est la clé !

Cette dernière portion de la traversée est assez agréable. Malheureusement, la dernière heure et demie se transforme en plic ploc, schplof schplof. Grosse averse qui ne s'arrête pas tandis que nous arrivons dans la partie forêt, le dernier morceau. C'est un peu ambiance Jurassic Park avec pluie diluvienne, gadoue et et torrents de boue dans la forêt tropicale, en longeant une rivière un bout de chemin. "On finit en bouté" dixit Julie. Pas trop eu le courage de sortir l'appareil photo, on essayait d'avancer le plus vite possible et sans glisser. 

13h20 : victoire ! On arrive au Shelter de Ketetahi. Aucune banderole pour nous féliciter mais des regards échangés avec les autres randonneurs trempés qui attendent leur navette, on l'a fait ! 

Notre mini-van arrive d'ailleurs très vite, avec du L&P frais pour nous récompenser (ah, quand même !).

Mais il faut encore attendre les derniers randonneurs qui arrivent environ une heure après nous. De quoi nous refroidir sérieusement car nous sommes détrempées (enfin, surtout Julie !). De retour au lodge, douche chaude indispensable et tentative de séchage des affaires rendue difficile par l'arrivée d'une nouvelle averse à Tūrangi. Pour finir de rédiger cet article, nous nous réfugions dans le lounge où des voisins regardent... les Deux Tours ! 😂 

On est fatiguées mais ça valait bien le coup : les paysages traversés sont si variés et extraordinaires qu'on n'a pas vu le temps passer et qu'on a eu l'impression de faire dix randonnées en une !