Escapade dans la Vallée des Merveilles
Zou ! C'est le petit nom des TER du coin : un premier nous emmène jusqu'à Nice-ville (Nice a au moins 4 gares) où nous sautons dans un autre, le "Train des Merveilles" allant jusqu'à Tende, une petite ville dans les montagnes, et prétexte parfait pour traverser les vallées et se gorger de vues extraordinaires.
La guide qui nous fera le commentaire le long du chemin (super association entre le service culturel et de la SNCF) nous invite à monter plutôt dans la deuxième rame dans laquelle le commentaire sera diffusé. Nous sortons donc et attendons avec un tas de têtes blanches, prêtes à attraper les meilleures places, mais au final il n'y a qu'une seule rame alors c'est de nouveau la ruée vers l'or ! Que de péripéties. Nous voilà maintenant bien installés, juste à côté de la guide qui branche son micro et qui fera même les annonces de gare.
En voiture !
Le train s'ébranle en direction des montagnes. En quittant Nice et la côte nous pouvons voir sur les hauteurs l'observatoire de Nice (pensée pour Loïc !), construit par Charles Garnier et Gustave Eiffel . On nous explique que le train emprunte à très gros traits un sentier autrefois très pratiqué par les muletiers car c'était la route du sel qui arrivait à Hyères puis à Nice pour enfin être acheminé dans l'arrière-pays. C'est pour ça qu'on célèbre ici Saint-Éloi, protecteur de toutes les personnes et animaux gravitant autour des trajets périlleux. La ligne de chemin de fer est un projet franco-italien d'une ingénierie remarquable, achevé en 1928. Elle traverse trois vallées : celle du Peillon, celle de la Bévéra et celle de la Roya.
En traversant la vallée du Peillon on peut voir ou apercevoir quelques villages perchés et de nombreux clochers "oignons" surmontés de tuiles vernissées où le soleil se reflète. Nous longeons aussi l'autoroute, perchée sur un autre viaduc, destination l'Italie. On passe par un long tunnel de 6 kilomètres, le premier d'une bonne série. La guide nous apprend que la ligne fut fortifiée sur demande des deux pays car on est quand même sur une frontière : à la sortie du tunnel, il y a de chaque côté des meurtrières et casemates et la possibilité de détruire facilement la voie en cas de besoin. Brr !
On arrive dans la vallée de la Bévéra en passant près du mignon village de Sospel que nous n'aurons malheureusement pas le temps de visiter. Il abrite pourtant la plus grande cathédrale du département, d'un style très baroque importé par les Jésuites, très présents dans le comté de Nice à l'époque.
Bref aperçu de Sospel (sans la cathédrale, désolée !)
On passe non loin de l'immense Golf hôtel (datant de l'époque où les aristocrates descendaient dans le sud en hiver pour s'occuper avec des loisirs modernes) et on jette un oeil à la rivière de la Bévéra qu'on aperçoit en contrebas des rails. Puis arrive la vallée de la Roya, tristement célèbre pour la tempête Alex qui l'a dévastée fin 2020 (et aussi pour un certain Cédric H. dont la guide, bizarrement, ne parlera pas).
Tut tut, arrivée à la gare internationale de Breil-sur-Roya ! Eh oui, c'est que malgré sa voie unique, il ne faut pas oublier que cette ligne fait passer des trains italiens en plus de nos petits TER !
Breil-sur-Roya (oui, encore et toujours nos superbes photos depuis les trains !)
Quelques kilomètres, tunnels et viaducs plus loin, arrive enfin le clou du spectacle pour les amateurs de génie ferroviaire : nous empruntons un tunnel hélicoïdal pour gagner en altitude et passer de l'autre côté de la montagne en hauteur. On prend 90 mètres d'altitude en 2 minutes !
Hop, on se retrouve à contempler la voie par laquelle nous venons d'arriver (et le viaduc de Scarassoui(le selon la guide))
Après un dernier arrêt du TER à l'étonnante gare de Saint-Dalmas-de-Tende, bâtiment démesuré construit à la demande de Mussolini dans les années 1920 et assez vite abandonné lorsque la ville est redevenue française en 1947, nous finissons notre voyage à Tende. On voit encore au loin les sommets du Mercantour bien enneigés, preuve que la chaleur n'est pas encore tout à fait là !
Avant d'aller déjeuner, nous passons brièvement par le musée qui retrace l'histoire de la vallée des Merveilles, partie du Mercantour qui abrite plusieurs sites de gravures rupestres disséminées ça et là sur les roches au grand jour. C'est assez fascinant !
Des exemples de gravures de la vallée des Merveilles
Des façades typiques...
... et des touristes typiques !
Vue des hauteurs et sur le clocher de la collégiale, ancienne cathédrale (oui, encore une, il y en avait beaucoup dans le coin !)
Petite ruelle de Tende ornée de la pierre verte caractéristique de l'endroit
Direction Saorge ensuite où le train nous dépose à une vingtaine de minutes à pied de la ville. Après cette petite marche qui nous en met plein des yeux question vue, on déambule dans un dédale de ruelles aveugles armés d'un plan dessiné insolite mais finalement assez secourable. Devant l'église en piteux état nous attend un vieux monsieur qui, tout content de trouver oreille attentive, nous fait la visite guidée du lieu (taclant au passage les "gens de l'école du Louvre et de l'école des chartes" venus pour la restauration mais qui n'y connaissent rien en baroque niçois, oups !)
Saorge, bien perché
Église Saint-Sauveur, accolée à la chapelle des pénitents blancs
Retardés par la visite guidée impromptue quoique passionnante, nous filons au pas de course dans les ruelles pour arriver au monastère avant sa fermeture. Ancien couvent de Franciscains fondé en 1633, il est aujourd'hui géré par le Centre des monuments nationaux et sert de résidence d'écrivains et autres artistes.
Cloître décoré de scènes de la vie de saint François et de cadrans solaires mystérieux
On viendrait bien écrire son NaNo dans ce cadre, non ?
Saorge, vu du monastère
Avant de rejoindre le TER, nous estimons que nous avons encore quelques minutes pour découvrir une petite chapelle, aujourd'hui propriété privée, que Michaël veut vraiment nous montrer. Toujours au pas de course - voire avec quelques sprints - nous descendons donc jusqu'au petit édifice du XIe siècle surmonté d'un immense clocher du XVIe siècle, tout à fait démesuré pour la petite bâtisse !
Retour à la gare de Saorge, puis à Nice, puis à Monaco, puis à Cap d'Ail et nous savourons encore les délices gastronomiques de nos hôtes avant de nous endormir en rêvant de tunnels, viaducs, vallées et rivières !